Les critiques de Cathy M et godspeed
Des critiques de ce qu'on veut, faites comme on le veut... :)


25.1.04  

Super Furry Animals à la Maroquinerie (23/01/04)

En Angleterre, les Super Furry Animals jouent dans les salles de concert les plus prestigieuses. En France, étrangement, ils peinent à remplir une salle de taille modeste comme la Maroquinerie... Succès d'estime plus que commercial, le groupe gallois n'arrive pas à imposer ici sa pop inventive, débridée et énergique, se maintenant pourtant à un niveau d'exigence et de qualité peu égalée depuis près de dix ans. Tant pis pour les durs d'oreilles, ça permet au moins de les voir dans une salle de taille humaine...

Double première pour moi ce soir là donc : découverte de la salle de la Maroquinerie, sorte de demi-Cigale avec poutres qui obstruent la vue (précédée d'une recherche compliquée de la dite salle, où après m'être à moitié perdu dans le quartier (avec un plan, le comble), je fus obligé de grimper rapido la rue de Ménilmontant, petite côte d'une pente d'au moins 10 % : épuisant). Mais surtout, première rencontre avec les SFA sur scène, l'un des mes derniers groupes cultes à bénéficier de ma prestigieuse présence (après Mogwai, Elliott Smith, Spiritualized, Joseph Arthur et Primal Scream, le grand chelem est presque atteint). Grosse attente donc...

Vers 9h absolument pas pétantes, les 5 membres du groupe rentrent sur scène. Curieusement c'est avec Slow Life, le dernier titre du dernier album (le formidable Phantom Power) qu'ils débutent le concert. Au milieu de ce titre pop agrémenté d'électro et de cordes, le chanteur Gruff Rhys (à tes souhaits) s'absente et revient avec une sorte de casque géant de Bioman sur la tête et reprend le chant comme si rien n'était, en collant son micro dans l'une des ouvertures du casque au niveau du front !! Un début délirant qui donne un aperçu de l'humour des SFA. La suite se déroule sans encombre avec des titres anciens comme les enlevés et pétillants Demons et (Drawing) Rings Around The World ou certains de leurs classiques ultra efficaces et effrénés tels God ! Show Me Magic et Do or Die.

Il faudra néanmoins un peu de temps pour que le groupe trouve son rythme de croisière et se lâche complètement, dialoguant un peu plus avec le public (et Gruff, dans un français des plus improbable, de traduire The Piccolo Snare en "Le Snare Piccolo"...). Exemple révélateur : un spectateur demande au groupe de jouer le rigolo Mario Man ; Rhys approuve et l'indique à ses 4 camarades de jeu ; il commence alors à chanter les paroles de Mario Man... sur la musique de Bleed Forever (le morceau prévu sur leur liste en fait) !! Belle facétie puisque après 2 couplets, la plaisanterie prend fin sans pour autant s'arrêter de jouer et le groupe enchaine limpidement sur le reste de Bleed Forever. Pendant tout le concert, des projections sur un écran derrière le groupe permettent de poser une ambiance adéquate ; le plus souvent il s'agit d'images psychédéliques variées mais sur certains morceaux tels l'apaisé Hello Sunshine, le fracassé et jouissif Receptable for Respectable ou Liberty Belle (joyau pop incontournable), ce sont de charmants petits clips d'animation que l'on peut apprécier, tirés des oeuvres de Peter Fowler, l'artiste qui signe tout l'univers visuel des derniers disques du groupe :



Par la suite, le groupe jouera une majeure partie du dernier album (Golden Retriever, Cityscape Skybaby, The Piccolo Snare), ainsi que quelques morceaux de Rings Around The World (l'épique Run ! Christian, Run ! ou Juxtaposed With U) ou de Radiator (les bombinettes The International Language of Screaming et Hermann Loves Pauline). Malgré une formation assez resserrée (basse, batterie, 2 guitares et clavier), les SFA réussissent le plus souvent à dégager une musique ample et spacieuse sur les titres les plus imposants, tout en faisant preuve d'une fraîcheur et d'un dynamisme impressionnant sur ceux plus pop.

Pour conclure, le groupe choisit une triplette de morceaux incendiaires. C'est un Out of Control terrifiant de puissance, à 3 guitares, qui ouvre les hostilités, suivit de près d'un Calimero nettement plus énergique que le poussin qui donne son nom à la chanson. Là, le calme se fait avant qu'une voix-off déclame en boucle "all gouvernments are liars and killers" puis de voir la phrase traduite en français défiler sur l'écran au milieu de photos de chefs d'états tels que George W. Bush ou Tony Blair. C'est le moment rêvé pour entamer le mythique The Man Don't Give a Fuck, toujours aussi efficace. Le groupe quitte alors la scène, sauf le claviériste bidouillant son pc pendant un interlude techno sympa mais un peu saoulant au bout de dix minutes. Le groupe revient alors... déguisé en "animaux super poilus", sortes d'énormes yétis rigolos. Incapable de réellement jouer avec de tels costumes, ils lèvent leurs guitares en signe de ralliement ou font semblant au son de The Man Don't Give a Fuck avant de partir définitivement avec le sentiment du devoir accompli...



A l'arrivé, tout en étant éminemment sympathique et enlevé, le concert manquait peut-être d'un petit quelque chose pour être vraiment exceptionnel (l'apathie d'une bonne partie du public n'aidant pas beaucoup non plus). Si on peut regretter l'absence de tout morceau de Mwng, leur excellent album en gallois, les SFA se sont montrés fidèles à leur réputation, fournissant une prestation plaisante et pleine d'énergie, prouvant si besoin est que leur discographie est remplie de disques impeccables et de chansons savoureuses, à écouter en boucle...

posted by godspeed | 16:48 |


15.1.04  

Up The Bracket, de The Libertines.



Il faut parfois laisser le temps à un disque de venir jusqu’à vous (proverbe chinois (ou tibétain, j’ai un doute)).

- Et sinon, dans les albums qui m’ont marqué récemment, il y a celui d’Interpol…
- Turn On The Bright Lights ? Oh oui. Enorme. Je suis entièrement d’accord.
- Et dans le genre excellent pour taper du pied en écoutant du rock sympa, il y a The Libertines…
- Euh…
Silence gêné.
Si ce n’est pas malheureux ça ; on ne croise pas quelqu’un pendant des mois et quand on le revoit, il semble lobotomisé… The Libertines ?? Non, non, non et non. L’album était sorti fin 2002. Les critiques s’étaient extasiés dessus. Ecoute réglementaire de découverte à l’époque. Et puis plus aucun souvenir. Ca passe par une oreille, ça ressort par l’autre. Un groupe en "The" de plus…
Il avait dû se tromper, ce n’est pas possible… alors tiens, une nouvelle tentative, juste pour lui prouver qu’il a tort. Première écoute : mouais gentil mais bon… Deuxième écoute : bon d’accord, il y quelques passages vraiment sympathiques… Troisième écoute (suivi instantanément de la quatrième) : je commence à chantonner. Ca y est, c’est trop tard, le piége est refermé, la drogue agit et l’accoutumance est créée. Conclusion : The Libertines, c’est bien. Ca fait du bien à la tête. Ca fait du bien aux jambes. C’est un disque de rock comme il y en a trop peu de nos jours, en fait. De ceux qu’on peut écouter 4 fois de suite juste pour le plaisir et sans se lasser.

Mais reprenons au début : il y a quoi dessus ? Seulement des chansons. Des bonnes. Des courtes (3 minutes en moyenne). Enlevées. Canailles. Crâneuses. Efficaces. And sooooooooo cute… Avec des solos crados et un brin con sur lesquels on fait du air guitar en pliant les genoux. On chante à tue-tête, on sautille, on tape du pied… bon sang, c’est ridicule, à croire qu’on a 15 ans…
Pourtant rien de révolutionnaire, entendons-nous bien. Mais des mélodies simples comme tout qui nous accrochent pour ne plus nous lâcher. Des rythmiques efficaces bourrées d’énergie en ébullition. Et plus on écoute, plus ça devient évident. Pop, punk, garage, mod, bluesy et rock, tout simplement, la tambouille est succulente. Ca a du style, ça a la pêche et ça s’écoute comme d’autres boivent du petit lait. Le son est brut mais propre, la production (de Mick "The Clash" Jones) laisse le groupe s’exprimer dans un joyeux bordel. Tout en restant méchamment doué et ambitieux

Tiens, juste pour être méchant, on dira que, dans le même genre, ça vaut 100 fois les surestimés The Strokes (vous avez écouté leur deuxième album, Room on Fire ? Non ? Vous avez bien fait). Ca tourne moins à vide, c’est plus vivant, plus vibrant, plus diversifié et ça tient la route bien plus longtemps. Batterie efficace dans l’économie, hand-clapping, changements de rythme et ponts jouissifs, guitares abrasives et typiquement anglaises, refrains fédérateurs : tout est là. Entre chansons parfaites (les trépidants Horror Show ou Boys In The Band), mélodies stylées et fières (Time For Heroes ("Did you see the stylish kids in the riot…"), Death on the Stairs) et poésie urbaine très lads (Up The Bracket), le mélange entre attitude et efficacité est des plus réussis.

Il faudrait parler de la voix cockney et canaille de Pete Doherty. Un peu à la vas-y-comme-je-te-pousse mais c’est ça qui est bon justement. Complètement éraillée sur l’éthylique et foutraque The Boy Looked At Johnny (et son chœur stupide mais jouissif à la "La de di la de di da diddy") ou posée sur le dépouillé Radio America, dans tous les cas elle donne envie de chanter. Mais il faut écouter les chansons au lieu d’en parler, pour bien réaliser leur justesse. Entre des introductions qui filent des frissons (la montée en puissance de Begging) et morceaux sur ressorts, le disque regorge de moments mémorables.

Mais en plus d’avoir du style, certaines chansons se veulent plus profondes. Avec de vraies échardes de mélancolies coincées dedans. Comme l’excellente Tell The King, joli pic émotionnel, qui après la fausse désinvolture finit dans un relâchement désarmant ("He drinks and smokes his cares away / His heart is in the lonely way / Living in the ruins / Of a castle built on sand..."). Et The Good Old Days, plus belle chanson du disque et au-delà, avec mélodie vibrante, fêlure apparente, chœur en arrière-fond et texte top niveau des plus inspirés :

"If you've lost your faith in love and music
Oh the end won't be long
Because if it's gone for you then I too may lose it
And that would be wrong

You know I've tried so hard to keep myself from falling
Back into my bad old ways
And it chars my heart to always hear you calling
Calling for the good old days

Because there were no good old days
These are the good old days…
"

Après ça, difficile de réduire ces 4 garnements à des crétins sans âmes. Bouclé en 36 minutes (plus les 3 du bonus track de la réédition, What A Waster, premier single et bombinette punk implacable), le disque est d’une rare cohérence. Et d’une densité remarquable. Et s’écoute en boucle. Néanmoins à la 1746ème écoute, une légère lassitude se fait sentir. Ca n’est en fait que passager. Ca repart ensuite de plus belle. Les refrains continuent à nous trotter dans la tête pendant des heures. Et l’on se surprend à les fredonner sans crier gare. Un premier album de toute première classe donc. A chérir très fort. A ressortir les jours où on s’ennuie à mourir pour se donner un coup de fouet. Un truc à apprécier avant de devenir un vieux con aigri qui n’aime plus rien… Vous n’êtes pas d’accord ? Tant pis pour vous. Car quitte à les citer :

"I get along singing my song,
People tell me I’m wrong…
Fuck’em!!
"

posted by godspeed | 10:43 |


9.1.04  

Grâce à mes innombrables relations dans le milieu du show-biz, j’étais hier soir invité à une avant-première exceptionnelle… bon, en fait c’est seulement grâce à ma carte UGC illimité mais bon, peu importe, le résultat est le même sauf qu’ici, on me demandera mon précieux avis de spectateur pour décréter si, oui ou non (plutôt non), le film secret que je vais voir mérite le prestigieux « Label des spectateurs UGC » (ooooooooohhhhhh…).
A la réception de mon mail d’invitation et suite à la défection polie mais inévitable de miss Cathy M, le 1er problème fut donc de trouver un accompagnant. La seule solution est alors "d’appeler un ami, Jean-Pierre" et hop, l’affaire est dans le sac, ce sera mon cher copain R., cinéphile de son état qui aura la lourde tâche de m’assister dans ma mission. Le film étant tenu secret, je ne peux m’empêcher de jouer auparavant au petit jeu des prédictions : vu les sorties à venir, mon premier choix se pose sur le nouveau film (daube ?) de Julia Roberts, Le Sourire de Mona Lisa, avant de craindre plus sûrement que ce sera RRRrrrr, d’Alain Chabat, avec les Robins des Bois, dont la bande-annonce fait froid dans le dos de nullité (quand à la perspective que cela puisse être Frère des Ours, le prochain Disney, je n’ose y penser…). R. lui, bien que curieux, ne se prononce pas même si je discerne clairement à fond de son œil qu’il espère (en vain) voir un nouveau film, posthume et gardé (bien) secret jusqu’ici de Stanley Kubrick, traumatisé et inconsolable qu’il est resté 5 ans après la mort de notre barbu préféré.
Trêve de bavardage, après une rapide visite au Musée d’Orsay dans l’après-midi (petit alibi culturel gratuit dans cette critique mais bon, ça ne fait pas mal), juste le temps de trouver une couleur de chaussettes assortie à mes Vans grises, je me dirige vers mon cher UGC Ciné-Cité Les Halles en ce jeudi soir, sans même le temps de boire une bière (je vais le regretter), pour cette avant-première attendue. La lumière s’éteint, l’insupportable jingle UGC Ciné-Cité vrille les oreilles puis le générique commence, le film est donc (tin-tin-tin, suspense, roulements de tambour…) :

Blueberry, de Jan Kounen.

Oh, merde. Ca commence mal, nous ne sommes pas rassurés du tout du tout du tout (pas beaucoup, donc). D’ailleurs, dès l’inscription du titre sur l’écran, deux personnes prennent leurs affaires et quittent la salle… la suite leur donnera raison. Déjà, juste le nom de Jan Kounen est synonyme de frayeur : le monsieur avait signé en 97 un premier film, le nullissime Dobermann, que l’on peut considérer comme l’un des plus mauvais films de la dernière décennie. Donc pas de quoi nourrir de grands espoirs à propos de ce Blueberry…
Pourtant le début intrigue un peu : Blueberry (Vincent Cassel, qui tourne trop) dans une apparente agonie, se remémore son adolescence et plus particulièrement son arrivée dans un petit village non loin des terres indiennes. Et là, exposition du sacro-saint trauma qui rongera le personnage (le pauvre a vu mourir sous ses yeux son premier amour, la gentille prostituée Madeleine tuée par le vilain Wally, boooo, trop triste…) avant de virer dans le mysticisme toc et bon marché, sans recul aucun ni second degré, avec des indiens telleeeeement spirituels et si proooooches de la nature (et un peu sorcier, forcément). Bizarrement, à ce moment-là, on reprendrait presque confiance en Kounen, qui filme les aigles planant dans le ciel et les montagnes un peu comme Malick filme une fleur qui pousse. Et tant pis si, pour l’instant, le film est aussi profond qu’une publicité de parfum pour hommes, les images sont jolies, les mouvements d’appareil limpides et plutôt bien fichus ; après s’être dit que ça tombe bien que Hugh O’Connor soit vachement ressemblant à Cassel jeune, on attend néanmoins que le film commence vraiment…



Et donc au bout de vingt bonnes minutes, le film commence vraiment et on le regrette assez vite, tant celui-ci ne cessera de se déliter par la suite. Déjà Vincent Cassel, malgré sa bonne tenue, qui parle anglais ou français (c’est un cajun) au milieu d’un casting anglo-saxon, on y croit moyen… D’autant plus que l’interprétation peu inspirée, un scénario fainéant et une avalanche de clichés n’aideront pas à se passionner pour la chose. En gros, sachez que cela tourne autour d’un manuscrit indiquant la position de montagnes sacrées indiennes, que plusieurs personnes malintentionnées convoitent, dont le fameux Wallace "Wally" Blunt (Michael Madsen, paresseux, comme d’habitude) que tout le monde croyait mort ; Mike Blueberry, ami des indiens et en particulier de Runi (Temuera Morrison, toujours pas remis de Star Wars Episode 2 - L’attaque des Clowns), devenu sheriff est le garant de la cohabitation des 2 mondes, va donc tout faire pour éviter ça, même si pour ça il doit faire face à ses vieux démons (vous vous souvenez ? Le bon vieux trauma de départ avec son premier amour ?). Rien de bien palpitant donc, le rythme étant des plus décousus. Ajoutez à ça une ambiance, décors et costumes qui sentent bon la reconstitution factice à laquelle on ne croit pas une seconde (c’est plus crédible dans le désert et la forêt), des dialogues à l’emporte-pièce et surtout une galerie de personnages et de situations qui avale les clichés éculés du Western comme des perles : l’adjoint bourru, alcoolo mais si sympa (Colm Meaney, le pauvre…), le héros torturé, l’amoureuse transie et téméraire (Juliette Lewis, aux côtés de son papa Geoffrey, toujours aussi énervante et peu subtile, qui à un moment chante… Danny Boy !! Vive l’originalité), des méchants vraiment trop cupides/traites/imbéciles/violeurs/aux-dents-pourries/méchants (rayez les mentions inutiles) et des indiens zarbis si profooooonds et spirituels. Jan Kounen (qui s’est réservé un petit rôle, celui d’un simple d’esprit aux dents gâtées : sans commentaires) enjolive une (petite) poignée de scènes d’une évidente patte, brillamment découpées et filmées mais gâche le reste en accumulant les effets frimes en plus d’un montage brouillon, ruinant presque la photo délicate de Tetsuo Nagata (responsable de celle de La Chambre des Officiers de Dupeyron). A partir de là, on sait que le film ne sera pas bon, pas totalement calamiteux mais pas bon…

Or, c’est oublier que Kounen est capable de bien pire, ce qu’il se charge de nous rappeler lors d’une dernière demi-heure d’une consternante nullité, d’une laideur et d’une stupidité peu commune, le film perdant toute crédibilité dès lors qu’il veut ramener au premier plan son côté fantastique, la greffe ne prenant hélas pas du tout. Ca se complique donc d’abord avec une séance de spiritisme interminable et insupportable avec une débauche d’effets visuels moches comme tout (des vers, des scarabées géants, des … trucs visqueux qui rappellent les poulpes métalliques de Matrix, qui sortent et rentrent dans le corps de Blueberry lors de ses visions de drogué), qui laissent le pauvre spectateur, indulgent jusque là, passablement affligé (et mon voisin de me demander à ce moment-là si ce "film" ne durerait pas 4 heures par hasard…). Ca continue sur sa lancée avec une mini-course au trésor aussi palpitante qu’une aventure d’Allan Quatermain, avec des répliques si profondes et pertinentes ("les animaux sont des bêtes… mais les hommes sont des monstres" : ok, super…), une fusillade à cheval rendue illisible et inutile par un montage irrationnel, des incohérences à mourir de rire (je suis à cheval, au galop, encerclé par des indiens, je balance un bâton de dynamite devant moi (plutôt que derrière), il atterrit à plus de deux cent mètres et explose au bon moment : ben voyons…). Il y a longtemps que l’on s’en fout complètement lorsque Kounen nous inflige douloureusement ses dix dernières minutes : dix bonnes minutes d’effets spéciaux dans la même lignée que précédemment (c'est-à-dire moche et conne, avec quelques pyramides en bonus), Blueberry effectue une voyage au sein de son âme (sic), où, sans surprise, on retrouve encore une fois le trauma d’origine (avec une pirouette que l’on avait vu venir à des kilomètres). Dix minutes de virtuel total, de délire de drogué et de mysticisme à 2€, qui en plus d’être laides et ridicules (et soporifiques au possible), sont un sommet de prétention où Kounen s’imagine certainement refaire aussi bien que le final de 2001 avec son retour vers la forme primitive et fœtale. Dix dernières minutes qui ont dû engloutir les trois quarts du budget mais qui devraient griller Kounen à tout jamais et peut-être l’empêcher de pouvoir faire un nouveau film. Dix dernières minutes qui constituent peut-être ce que l’on a vu de plus nul depuis de nombreuses années, achevant de transformer le film en l’un des premiers gros nanars et merdes sans nom de 2004. Jamais à court de ridicule, le film s’achève sur une niaise scène d’amour sous-marine où Juliette Lewis s’agite toute nue dans une posture des plus humiliantes et pathétiques : on ne sait pas si on doit rire ou avoir honte pour elle.


(Vincent Cassel après la projection : Arghhh, ma tête…)

N’étant absolument pas connaisseur de la bd, on peut néanmoins supposer que l’esprit originel de celle-ci doit être trahi dans les grandes largeurs. De toute façon, on s’en fout. Alors que les lumières se rallument et que le générique de fin se déroule mollement (comment ça, le petit prussien à lunettes dans le film, c’était Eddie Izzard ???), il faut remplir son petit feuillet d’appréciation UGC. Ca va aller vite : je n’ai PAS aimé DU TOUT. Non, je ne le conseillerais CERTAINEMENT PAS à un ami. Et pour le résumer en un mot, j’ai choisi "CONSTERNANT". Malgré ses "belles images", ça m’étonnerait qu’il chope le Label des spectateurs UGC avec tout ça. En fait le seul avantage de ce film, c’est de donner envie de revoir le splendide Dead Man de Jim Jarmusch. Ce n’est déjà pas si mal…


(Au cas où vous seriez vraiment maso, le film sortira en salles le 11 février prochain : bon courage.)

posted by godspeed | 14:00 |


2.1.04  

Une année 2003...

Malgré une année particulièrement pauvre d'un point de vue cinématographique ET musical, petite tentative de tops récapitulatifs aussi bien subjectifs qu'incomplets mais parfaitements assumés (encore que...) et déjà inutiles :

Cinéma

Top 6 (après épuration d'un top 10 bancal):

1) Elephant
2) Punch-Drunk Love
3) Mystic River
4) Le Château dans le ciel
5) Loin du Paradis
6) Après la Vie
(quand je vous disais que l'année avait été pauvre...)

Pas loin du top, appréciables et appréciés (par ordre alphabétique) : Abîmes, Basic, Blue Gate Crossing, Confessions d'un Homme Dangereux, Dark Water, Ken Park, Master & Commander, Plaisirs Inconnus, La Secrétaire, Sympathy For Mr. Vengeance, La 25ème Heure et Zatoichi.

Inclassable : Kill Bill Vol. 1 (une moitié de film, par nature innotable, à la fois terriblement jouissive mais aussi dramatiquement creuse : autant une joie qu'une déception (voire même plutôt une déception...))

Top 6 reprises :
Les Proies, L'Arrangement, L'Obsédé, Arsenic et vieilles dentelles, The Shop Around The Corner, After Life.

Flop 3 (et on en oublie...) :
Dédales, Daredevil, Matrix Reloaded & Revolutions.


Musique

Top 10 :

Mogwai : Happy Songs for Happy People
Super Furry Animals : Phantom Power
Spiritualized : Amazing Grace
Grandaddy : Sumday
Explosions In The Sky : The Earth Is Not A Cold Dead Place
Mojave 3 : Spoon & Rafter
Catpower : You Are Free
Arab Strap : Monday at The Hug & Pint
Blur : Think Tank
The White Stripes : Elephant

A écouter aussi : Black Rebel Motorcycle Club : Take Them On, On Your Own, Rufus Wainwright : Want One, Ed Harcourt : From Every Sphere, Massive Attack : 100th Window, Mull Historical Society : Us, Lloyd Cole : Music In a Foreign Language, Broken Social Scene : You Forgot It In People, Elbow : Cast of Thousands.

Flop 3 :
The Dandy Warhols : Welcome to the Monkey House (lamentable...)
Placebo : Sleeping With Ghosts (insignifiant...)
The Strokes : Room On Fire (creux, creux, creux...)

Réédition de l'année :
Television : Marquee Moon

Concert de l'année :
Massive Attack au Zenith

posted by godspeed | 22:40 |
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